Au début du XXe, sur la côte est des Etats-Unis, Martin Eden, marin au long cour, costaud, bagarreur traine sa misère de ports en ports jusqu'au jour où sauvant un jeune bourgeois d'une bagarre, il fait son entrée dans une maison bien tenue où il rencontre Ruth, une jolie et frêle demoiselle dont il devient éperdument et secrètement amoureux. A partir de là, il n'a qu'une ambition : la conquérir et pour ce, il décide de parfaire son bagage intellectuel. Partant de très bas, il passe ses journées en bibliothèque et rentré dans sa piaule, il dévore des bouquins de toutes sortes jusqu'au bout de la nuit. Très vite, il se sent la fibre littéraire...il découvre qu'il dispose d'une grande aisance pour l'écriture. Il se met à écrire des poèmes, des nouvelles, des essais en tout genre qu'il expédie à des magazines. Tout est refusé. Pendant ce temps, Ruth finit par lui déclarer son amour mais lui demande de se trouver une situation car jamais ses parents n'accepteront qu'elle se marie avec un fainéant, pauvre et bourlingueur. Mais Martin Eden, croyant en son génie refuse. Il est convaincu que ce qu'il écrie finira par rencontrer le succès. En attendant, il sombre dans la pauvreté, passe des jours sans manger et doit déposer vêtements et vélos au Mont-de-Pieté. Il est rejeté de tous, saus de Brissenden un ami lettré et alcoolique avec qui il passe ses soirées à refaire le monde. Martin Eden s'intéresse aussi à la politique. Anti-système, il n'en reste pas moins anti-socialiste. Martin est nietzchéen.
Et puis, petit à petit, le vent tourne. Continuant à expédier ses manuscrits à gauche et à droite, ils finissent par être acceptés et à lui rapporter beaucoup d'argent. Entre temps, Ruth ne pouvant plus accepter sa situation avait mis fin à leur relation. Martin Eden devient un écrivain célèbre que tout le monde s'arrache. Mais alors qu'au tout début de sa carrière littéraire, il n'avait que dans l'idée de devenir célèbre pour l'amour de Ruth, aujourd'hui, tout cela lui semble vain. Il est dégouté par tous ces bourgeois qui le rejetaient avant et qui l'invitent à diner désormais. Martin Eden se sent plus proche des petites gens qu'ils connaissaient jadis et qui ne l'ont jamais laissé tomber. Il les arrose de sa générosité, puis, ces bonnes oeuvres exécutées, il décide de fuire, embarque sur le paquebot la Mariposa, sans trop savoir pour qui et pour quoi. Dans sa cabine, désoeuvré, déprimé, il décide d'en finir. Par le hublot et se jette à l'eau. Il nage jusqu'au bout de ses forces et puis se laisse submerger par les flots :
Ses mains et ses pieds, dans un dernier sursaut de volonté, se mirent à battre, à faire bouillonner l'eau, faiblement, spasmodiquement. Mais malgré ses efforts désespérés, il ne pourrait jamais plus remonter ; il était trop bas, trop loin. Il flottait languissement, bercé par un flot de visions très douces. Des couleurs, une radieuse lumière l'enveloppaient, le baignaient, le pénétraient. Qu'était-ce ? On aurait dit un phare. Mais non, c'était dans son cerveau, cette éblouissante lumière blanche. Elle brillait de plus en plus resplendissante. Il y eut un long grondement, et il lui sembla glisser sur une interminable pente. Et, tout au fond, il sombra dans la nuit. Ca, il le sut encore : il avait sombré dans la nuit. Et au moment même où il le sut, il cessa de le savoir.
Ce fut une lecture agréable mais que j'ai pourtant failli interrompre tant je trouvais dans les premières pages le propos un peu simpliste : un pauvre, illettré et bagarreur qui tente de séduire une jolie bourgeoise à principes. Mais plus que l'histoire d'amour (de toute façon du début à la fin, je n'ai pas supporté Ruth, incapable d'aller au bout de ses sentiments), c'est tout le côté écriture et rapport avec les maisons d'édition qui m'a tenue en haleine. Cela nous ramène à une autre époque de la littérature où les auteurs pour être connus devaient avant tout publier dans des magazines, au risque d'y vendre leur âme afin de plaire au plus grand nombre. On suit Martin Eden dans son combat contre les éditorialistes et l'on devine que c'est l'histoire de Jack London que l'on suit.
lecture juin/juillet 2012, kindle, note 3.5/5